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Les origines de la Méthode Vittoz
 

 

Le docteur Vittoz, médecin généraliste suisse (1863-1925) était un contemporain de Freud, de Jung et de Janet. Leurs pratiques respectives les a confronté à la montée des maladies nerveuses. Le docteur Vittoz s’est d’abord intéressé à l’hypnose. Il s’est formé à la Salpétrière à Paris avec le professeur Charcot. Mais il a conclu très rapidement que cela rendait ses patients passifs par rapport à leurs troubles anxieux et nerveux.

 

A l’époque où Freud découvrait l’inconscient, que Janet précisait les termes de subconscient, le docteur vittoz a fait un choix différent : il a choisi de porter son travail thérapeutique vers l’élargissement de la conscience, le développement de l’attention à l’instant présent, l’ancrage corporel dans l’ici et maintenant par des exercices sensoriels, des exercices de concentration et de volonté. Pour Vittoz, être conscient, ce n’est pas penser, c’est sentir.  Pour penser juste,  il faut sentir juste.

Il a mis en place sa méthode par l’observation de ses patients et un travail sur soi.

 

En effet, il a noté que ses patients étaient très rarement présents à la situation vécue dans l’ici et maintenant : ils étaient soit dans des ruminations par rapport au passé, soit dans des anticipations ou projections anxieuses sur un avenir, par définition incertain.

Il a lui-même traversé une période de fatigue mentale à la suite d’une maladie infectieuse (une scarlatine) pendant ses études, lui fit expérimenter et mettre au point des exercices pour rétablir les fonctions cérébrales dans leur souplesse et leur liberté. La seule façon de reposer son cerveau, d’arrêter la « machine à penser », c’est de se mettre en réceptivité.

 

Dans ce contexte, le docteur Vittoz a mis au point une psychothérapie à médiation corporelle. En effet, cette méthode utilise le corps comme moyen d'accès et de mobilisation de la vie psychique. C’est pourquoi, Vittoz fait partie des premiers psychosomaticiens. L'accès au corps va se faire par des mises en situation au travers d'exercices pratiques.

 

Le Dr Vittoz a fondé sa théorie sur une conception du fonctionnement cérébral et non du fonctionnement de la psyché.

 

C’était un précurseur, car il a écrit son unique livre : Le traitement des psychonévroses par la rééducation du contrôle cérébral (1911), dans lequel il parle du cerveau et de l’importance d’apprendre à mieux le contrôler. En effet, il écrit « cette méthode a pour base que tout état psychasthénique est dû à un fonctionnement défectueux du cerveau, et que c’est là, que nous devons trouver le remède ».

 

Il considère que le cerveau a deux fonctions principales, la réceptivité et l’émissivité.

 

En mode réceptivité, le cerveau reçoit les informations de l’environnement extérieur à travers les 5 sens. Dans cette polarité, le cerveau est à l’état de repos. « J’accueille ce qui vient, ce qui est ».

 

En mode émissivité, le cerveau après traitement des informations reçues, va émettre une pensée, une réflexion, une décision. «Je concentre toute mon énergie psychique en un point – je suis concentré, focalisé».

Ces deux fonctions, la réceptivité et l’émissivité, sont normalement en équilibre, mais chez les patients angoissés, anxieux fatigués ou stressés, la fonction émissive est incontrôlée. Ils ne peuvent plus s’arrêter de penser, de cogiter. Cette pensée incessante crée un état de fatigue et de stress. 

Ce que le Dr Vittoz nomme « le contrôle cérébral » est la capacité que nous avons de passer de la fonction réceptive à la fonction émissive quand nous le décidons.

 

Pour le Dr Vittoz, tous les symptômes comme l’anxiété, la dépression, l’angoisse, parfois même jusqu’à la confusion. peuvent s’améliorer et même s’amender par la pratique des exercices de réceptivité et d’émissivité.

Son objectif était de s’attaquer à la cause du déséquilibre et non pas simplement au symptôme. Vittoz voulait donner au patient « les moyens de se guérir lui-même » en renforçant les ressources de son moi conscient.


Il situait l’origine du déséquilibre dans l’enfance, quand face à des frustrations répétées ou à des chocs graves, l’enfant, pour fuir un réel traumatisant, se replie sur lui-même se coupant de ses sensations et de ses émotions, s’absentant dans un vagabondage mental qui s’interpose entre lui et la réalité. Ce phénomène dure en général bien au-delà de l’enfance.


L'approche du Vittoz consiste donc à reconnecter le patient avec les sensations dont il s’est coupé, en expérimentant de multiples exercices sensoriels, somesthésiques et mentaux - en séance et hors séance -, pour lui permettre de rentrer en contact avec lui-même.


En considérant le patient dans son unité corporelle, affective et mentale, en partant du ressenti et des sensations corporelles les plus simples, reliées à une parole adressée au thérapeute, la Méthode Vittoz permet aux patients d’apaiser leurs malaises psychiques et les symptômes physiques qui en sont la conséquence, et de rétablir cette base d’équilibre cérébral sans laquelle toute thérapie bute sur l’incapacité à enclencher un changement.

 

 

Nouveauté : A partir d'Octobre 2021, module d'initiation à la Méthode Vittoz dans le cadre du Diplôme Universitaire à l'Université de Médecine de Lyon 1

La Méthode Vittoz à Lyon

Quelques patients "Célèbres":

 

T. S. Eliot (1888-1965) : poète, dramaturge, critique littéraire américain, naturalisé britannique. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1948. En1921, alors qu'il est en train d'écrire son fameux poème «The Waste Land » (La Terre vaine), il traverse une crise d'aboulie. Après la lecture du livre de Vittoz, T. S. Elliot partira à Lausanne pour être suivi par le docteur Vittoz. Ce poème est considéré comme le chef-d'œuvre de T. S. Eliot et comme un classique de la poésie anglo-saxonne du XXe siècle. Certaines de ses phrases sont même entrées dans l'anglais courant.

 

Sir Julian Huxley (1887-1975) : biologiste britannique, auteur et internationaliste, connu pour ses livres de vulgarisation sur la science. Il est le frère d'Aldous Huxley, l'auteur du « Meilleur des Mondes ». Il est le premier directeur de l'UNESCO, fondateur du WWF. Il souffre de symptômes bipolaires et se fait suivre par le docteur Vittoz.

 

Geoffrey Scott (1884–1929) : écrivain et architecte. Après la séparation avec sa femme, il tombe en dépression et se fait suivre par le docteur Vittoz pendant l'automne 1919. C'est durant son séjour en Suisse, qu'il commence la rédaction de la biographie de Madame de Charrière, appelé «Le portrait de Zélide », pour lequel il obtient un prix littéraire.

 

William James (1842-1910) : psychologue et philosophe américain, frère aîné d'Henry James, romancier célèbre. William James est souvent présenté comme le fondateur de la psychologie en Amérique.

 

Montagu Collet Norman (1871, 1950) : banquier anglais, connu pour avoir été le gouverneur de la Banque d'Angleterre de 1920 à 1944, une des plus rudes périodes qu'ait connu l'économie britannique. Il fait la Une du Time en 1929. Il reçoit le Distinguished Service Order en 1901. Après un burnout en 1913, il rencontre Carl Jung, puis Roger Vittoz, et décide finalement d'être traité par Vittoz pendant 3 mois.

 


 

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